From Ti Amo Issue
On a discuté avec le designer américain Willy Chavarria, quelques jours après son défilé Fall 2025 à la fashion week de Paris, pour discuter de son processus créatif et de sa vision de l’amour, qu’il explore sous toutes ses nuances.
En janvier 2025, Willy Chavarria a fait ses débuts à la Fashion Week de Paris avec « Tarantula », un défilé-statement qui marque le 10e anniversaire de sa marque éponyme. Toute en sophistication, la collection célèbre la force des communautés Brown, Black et Queer, dans un subtil jeu d’équilibre entre tendresse et défiance. Sans nul doute, Willy Chavarria crée avec amour, mais lorsqu'il est mis à l'épreuve, il n’a pas peur de riposter.
« Tarantula » est une collection profondément personnelle, une célébration de la résilience, de l'identité et de la sexualité. Qu'est-ce qui a inspiré cette narration ?
W.C. Ma marque a toujours été ancrée dans la dignité humaine et l'amour. Mais aujourd'hui, je voulais que ce message soit indéniablement clair. Dans un monde marqué par les conflits et les divisions, il m'a semblé plus urgent que jamais d'amplifier un message d'unité.
Vos collections jouent souvent sur la dualité - force et tendresse, Amérique et Europe. Comment ces contrastes influencent-ils vos créations ?
W.C. Cette tension est ce qui m'anime. Si tout est doux, on perd l'impact. Mais lorsque la douceur est confrontée à la structure, elle devient remarquable. Cet équilibre se retrouve autant dans la narration que dans les vêtements eux-mêmes. Une chemise délicate en cachemire prend une toute autre dimension associée à une veste structurée en laine. C'est dans cette interaction que naît la beauté.
Ce numéro explore les thèmes de la connexion et du désir. Comment ces idées se reflètent-elles dans votre travail ?
W.C. Tout ce que je crée est enraciné dans l'amour. Qu'il soit romantique, sexuel ou purement émotionnel, notre capacité à nous connecter est essentielle à notre expression. Cela se traduit par la manière dont les vêtements sont portés, ressentis sur le corps. Je veux que les gens ressentent un sentiment de puissance à travers ce qu'ils portent.
Lors du final du défilé, vous portiez un sweat-shirt arborant l'inscription « How We Love Is Who We Are ». Que signifie ce message pour vous ?
W.C. C'était une collaboration avec la Human Rights Campaign et l'artiste mexicain Gustavo García-Villa. Nous avons combiné son travail avec ce slogan pour affirmer une vérité simple mais profonde: notre identité est forgée par l'amour. Le projet impliquait aussi Tinder, une plateforme qui connecte des personnes n'ayant pas toujours la liberté d'aimer ouvertement.
Vos créations possèdent une dimension sculpturale qui met en valeur la diversité des corps. Comment abordez-vous l'inclusivité ?
W.C. Il s'agit de comprendre comment différentes personnes s’approprient un vêtement. Certains recherchent des pièces qui épousent leur forme, d'autres préfèrent avoir de l'espace entre le corps et le tissu. Je conçois pour les deux. Lorsque nous travaillons avec Carlos Nazario sur le stylisme, nous mixons intentionnellement les silhouettes - déstructurant les costumes, superposant des pièces inattendues afin que chaque look puisse être interprété de manière personnelle.
Vous décrivez l'identité comme un luxe à protéger. Quel rôle la mode joue-t-elle dans la défense des identités sous-représentées ?
W.C. La mode repose sur la vision créative et attire naturellement des voix diverses. Mais il ne suffit pas de refléter cette diversité. Il faut la cultiver. Si nous favorisons l'inclusivité en coulisses, elle se manifestera dans ce que nous créons. C'est ainsi que je dirige mon entreprise et c'est l'impact que j'espère voir se répandre dans l'industrie.
Sur votre site, on peut lire : « La beauté n'existe que si nous pouvons la voir. » Qu'en est-il des choses qui échappent à notre perception ?
W.C. Si nous ne voyons pas quelque chose, nous n'avons pas le privilège d'en reconnaître la beauté. Nous vivons dans un monde empli de laideur. Plus nous choisissons de voir la beauté, plus elle existe. Il est de notre responsabilité de reconnaître et d'élever ce qui est beau.
Une décennie de mode, c'est une étape clef. Qu'est-ce qui vous enthousiasme pour l'avenir ?
W.C. Le voyage ne se termine jamais vraiment. La plus grande récompense, c'est de rester fidèle à sa philosophie tout en continuant de grandir. J’espère qu’après moi, cette marque continuera d'évoluer et d'avoir un impact au-delà de mon héritage personnel. Il s'agit de créer quelque chose de durable qui inspire encore et toujours.

Original version
We met Willy Chavarria a few days after his acclaimed Fall 2025 show in Paris to discuss his creative process and his vision of love, which he explores in all its shades.
In January 2025, American fashion designer Willy Chavarria made his Paris Fashion Week debut with ‘Tarantula’, a powerful statement marking his eponymous brand’s 10th anniversary. Infused with sophistication, the collection champions Brown, Black, and Queer fortitude, striking a balance between tenderness and defiance. Chavarria designs with love, but be warned—when challenged, he knows how to bite back.
‘Tarantula’ feels deeply personal, celebrating resilience, identity, and sexuality. What inspired this narrative?
W.C. My brand has always been anchored in human dignity and love. But now, I wanted to make this message unmistakably clear. In a world, marked by conflict and division, it felt more urgent than ever to amplify a message of unity.
Your collections often balance dualities— strength and tenderness, American and European influences. How do these contrasts shape your designs?
W.C. That tension is what excites me. If everything is soft, it loses its impact. But when softness is juxtaposed with structure, it becomes something remarkable. This balance is woven into the storytelling and the garments themselves. A delicate cashmere shirt takes on new depth when paired with a structured wool jacket. That interplay is where
beauty happens.
This issue explores connection and desire. How do these themes emerge in your stories?
W.C. Everything I create is rooted in love. Whether it’s romantic, sexual, or purely emotional, our ability to connect is central to how we express ourselves. That translates into how the clothes are worn, how they feel on the body. I want people to experience a sense of empowerment through what they wear.
You wore a sweatshirt reading ‘How We Love Is Who We Are’ at the end of the show. What does that message mean to you?
W.C. That was a collaboration with the Human Rights Campaign and Mexican artist Gustavo García-Villa. We combined his artwork with this slogan to reinforce a simple but profound truth—our identity is shaped by love. The project also involved Tinder, a platform that connects people who may not always have the freedom to love openly.
Your designs feature sculptural qualities that celebrate diverse bodies. How do you approach inclusivity?
W.C. It’s about understanding how different people experience clothing. Some want garments that hug their form. Others seek the space between the body and the fabric. I design for both. When styling with Carlos Nazario, we intentionally mix silhouettes—breaking up suits, layering unexpected pieces—so that each look can be interpreted in a personal way.
You’ve described identity as a luxury to protect. How do you see fashion’s role in defending underrepresented identities?
W.C. Fashion thrives on creative vision, and our industry naturally attracts diverse voices. But it’s not enough to just reflect that diversity. We need to nurture it from within. If we cultivate inclusivity behind the scenes, it will be reflected in what we put out into the world. That’s how I run my business, and it’s the impact I hope to see across the industry.
There’s a statement on your website: ‘Beauty only exists if we can see it.’ What about the things beyond our perception?
W.C. If we don’t see something, we don’t have the privilege of recognizing its beauty. We live in a world filled with ugliness. The more we choose to see beauty, the more it exists. It’s our responsibility to acknowledge and elevate what is beautiful.
A decade in fashion is a major milestone. What excites you about the future?
W.C. The journey never truly ends. The most rewarding part is staying true to the philosophy while continuing to grow. My hope is that, after I’m gone, this brand will continue to evolve, making an impact beyond my personal legacy. It’s about creating something lasting that continues to inspire.