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JULIE LE MINOR
WHAT ABOUT WET - JEANNE FRIOT
4min of reading

From the Wet Issue.

La wetness est au cœur de l’univers de la créatrice française Jeanne Friot
et de sa collection SS24 « Sirens
». Fer de lance d’une nouvelle génération de designers engagés bien décidés à en découdre avec les tabous et le gaspillage de la mode, Jeanne imagine des collections fluides, audacieuses et flamboyantes issues des deadstocks de grandes maisons.

JEANNE FRIOT

What about Wet ?

Je pense à la « wet dress » que j’ai imaginé comme un vêtement drapé sur un corps sortant de l’eau, à l’image des statutes antiques. Cela m’évoque aussi une imagerie sexy et lesbienne et c’est un mot que j’utilise souvent durant un show pour diriger les équipes hair & make-up, à la recherche de ce fameux effet wet.

Quel est ton rapport à la nature et à l’eau ?

Plus jeune, j’ai beaucoup navigué avec mon père. J’ai un lien particulier avec la Méditerranée. J’ai besoin de m’y retrouver souvent, cela me permet de me recentrer. L’eau est le seul élément qui me calme.

Parle-nous de ta collection SS24 « Sirens ».

Elle est née d’un déclic en découvrant l’oeuvre de l’illustrateur Benjamin Lacombe, une réécriture du conte d’Andersen de La petite Sirène à travers un prisme queer et engagé. La préface du livre explique que c’est un conte pour les enfants queer, une ode à cette créature étrange et hors-norme. J’ai découvert que le conte d’Andersen lui-même est né de la frustration de l’auteur de ne pas pouvoir vivre son amour au grand jour.

Comment retranscrire tout cela à travers une collection ?

Je pars d’un moodboard puis je travaille la forme car j’envisage le vêtement en 3D, presque comme de la sculpture. Après ma collection « Red Warrior » et la prédominance du rouge, j’avais envie de me concentrer sur les matières. Le jean est le thème central de la collection. Il y a des jupes sirènes, des drapés, des allégories liées au genre : on retrouve cette fluidité des pièces, des corps et des vêtements.

Ta marque prône une mode fluide et non genrée, émancipée des carcans d’un vêtement binaire et formaté.

Je veux vraiment déconstruire la mode genrée et réinvestir le vestiaire masculin et féminin de manière harmonieuse. Le défilé est un moment fort pour faire passer des messages.

Ce thème renvoie aussi à l’idée d’une féminité assumée. Qui sont tes muses ?

Des femmes fortes qui jouent avec les codes et s’affranchissent des normes. Patti Smith, Debbie Harry ou Virginie Despentes. Je suis sensible à la littérature et au personnage de Françoise Sagan. Sans oublier David Bowie, qui ouvre la voie à une mode non genrée. Hormis Vivienne Westood et Sonia Rykiel, deux influences majeures, j’ai grandi sans modèles féminins dans les maisons de mode. Aujourd’hui, c’est pour ça que je continue à me battre et à créer afin d’inspirer des jeunes femmes à suivre cette voie.

Tes collections s’infusent aussi de l’univers de la nuit et du clubbing.

Quand j’ai découvert la nuit queer, ça a fait un gros boom. C’est l’endroit où tout devient possible, comme un safe place où les identités et les communautés s’affirment. Je suis longtemps sortie la nuit car je comprenais ses enjeux et réalités. La techno lesbienne m’a beaucoup inspirée. Que fait la danse sur les corps et les vêtements, que retranscrit la sueur sur un make-up de drag-queen ? J’aime l’évolution des corps et des visages entre le début et la fin de la nuit, cette esthétique du trash, quand le maquillage a coulé et que les cheveux sont mouillés.

Wet en 3 mots ?

Sex, drapé et bleu.

Photographie
JEANNE FRIOT
Journaliste
JULIE LE MINOR
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