From Ti Amo Issue
Rencontre avec Laura et Deanna Fanning, à la direction créative de la branche Womenswear de Kiko Kostadinov, dont les créations empreintes de lumière et de soleil ont conquis les femmes du monde entier.
La dernière fois que Laura et Deanna Fanning sont retournées chez elles, en Australie, elles ont tout de suite été frappées par la qualité de la lumière : un soleil tranchant, éblouissant, qui semble à la fois délaver et saturer toutes les teintes. « Je crois que la façon dont nous percevons et assemblons les couleurs est intimement liée à l’Australie », confie Laura. « Les climats ensoleillés favorisent un rapport plus ouvert et plus riche à la couleur. » Et c’est bien cette façon intuitive de jouer avec les contrastes, ce don pour marier des tons et des textures, qui définit aujourd’hui le langage visuel si unique et si fabuleux de Kiko Kostadinov Womenswear.
Laura et Deanna ont rejoint Kiko Kostadinov en tant que co-directrices artistiques en 2018, alors qu’elles venaient de décrocher leurs masters à Central Saint Martins, respectivement en mode et en tricot. Les deux soeurs avaient déjà travaillé ensemble : leur collection de fin d’études est même l’un des premiers exemples de collaboration inter-filières au sein de CSM. « En tant que soeurs, nous avons des expériences de vie très similaires. C’est à travers nos spécialisations techniques que nous portons des points de vue différents, c’est intéressant de travailler à les réunir », explique Laura. Un instinct collaboratif qui leur permet de concevoir simultanément, à quatre mains, tous les aspects d’une collection – couture, confection, accessoires – et contribue à la beauté immersive de l’univers vestimentaire qu’elles ont créé.
Depuis leur première collection Printemps-Été 2019, les deux créatrices n’ont eu de cesse d’élargir cet univers où l’histoire, la contre-culture et la mémoire intime se mêlent pour donner naissance à des silhouettes incarnées et innovantes. Une ouverture d’esprit qu’elles attribuent en partie, là encore, à leur jeunesse australienne. « C’est un monde où l’on ne grandit pas en intériorisant des codes vestimentaires », explique Deanna, « un contexte très ouvert, qui laisse toute sa place à l’imagination. »
Bien que notre rencontre ait lieu trois semaines avant la Fashion Week de Paris automne-hiver 2025-2026, leurs voix sont déjà empreintes d’une certaine excitation. « C’était formidable de s’absenter une semaine, de se changer les idées dans un environnement différent », confie Laura. « Mais à peine rentrées au studio, on se dit : waouh ! Il y a tellement de personnes
talentueuses qui travaillent ici, tellement d’idées… Nous avons beaucoup de chance de faire partie de ce projet. »
Pour la saison Printemps-Été 2025, les deux soeurs continuent de puiser leur inspiration dans les récits. Leur dernière collection mettait en scène un quatuor de personnages aux identités à la fois distinctes et provisoires ; la nouvelle sera inspirée par Vali Myers, une artiste et danseuse australienne qui vécut à Paris dans les années 1950. Figure quasi mythique de la scène underground de son temps, Myers est également passée à la postérité en tant que personnage principal du cultissime roman-photo d’Ed van der Elsken, Love on the Left Bank. « Il y a quelque chose d’extrêmement romantique dans le lien qu’elle a noué avec Paris à cette période de sa vie », racontent-elles, « et dans la façon dont elle a ouvert la voie aux transformations culturelles et sociales portées par les Beatniks de la Rive Gauche. » Comme toujours, cependant, les références sont soigneusement encodées dans le langage de Kiko Kostadinov : jamais une lecture littérale, mais une réappropriation des thèmes et des énergies véhiculées par ces figures inspirantes.
L’année dernière, l’élargissement de leur monde a pris une tournure très concrète, avec l’ouverture de deux boutiques, à Tokyo, puis à Los Angeles, grâce auxquelles elles ont pu se rapprocher des communautés qui ont soutenu et contribué à façonner la marque. « C’était formidable de pouvoir rencontrer les communautés de personnes qui nous soutiennent », se souvient Deanna, « tout le monde, au sein de la marque, est très sensible à l’apport spécifique de chaque ville, aux manières dont les gens s’approprient nos créations, à leurs histoires respectives... » En plus de ces espaces de vente, les deux soeurs ont également investi dans un atelier à Paris, comme une façon d’honorer leur dette à l’égard de la ville. « Quand on pense à la mode, c’est difficile de ne pas penser à Paris. C’est une ville qui nous a tellement apporté, que cela nous paraissait naturel d’y avoir un espace permanent. »
L’humanité enfouie au coeur des créations des soeurs Fanning est sans doute ce qui fait de chacun de leurs vêtements, une véritable déclaration d’amour. Les porter, c’est épouser un peu de leur curiosité affectueuse pour les singularités individuelles, les idiosyncrasies ; c’est ressentir leur fascination pour les gens, pour leurs façons de se mouvoir dans le monde – et finalement pour l’alchimie avec laquelle tout cela se cristallise en vêtements. Leur art convoque à la fois la pensée et l’instinct, l’intellect et les émotions. Et même si prendre la direction d’une marque portée par un nom établi n’avait jamais fait partie de leurs plans, elles doivent bien l’admettre : « On est passionnées par le processus. On adore le travail, la recherche… et la mode ! »
Translated from French
Meet Laura and Deanna Fanning, co-creative directors of Kiko Kostadinov Womenswear, whose magical play with colour and light has captured the hearts of women all over the world.
The first thing that struck Laura and Deanna Fanning on their most recent trip home to Australia was the distinctive spectrum of light: the blinding sharpness of the sun, the peculiar way in which it both saturates and bleaches everything all at once. “I think the way we put colours together and the way we see them is very much in relation to Australia,” reflects Laura, “The way people combine things in sunny climates opens you up to using a lot more tones”. This intuitive play of colour and contrast, their knack for pairing vivid hues and textures in ways that shouldn’t work—but then somehow do—has become one of the defining intrigues of the Fanning sisters’ wondrous design vocabulary for Kiko Kostadinov womenswear.
Laura and Deanna joined Kiko Kostadinov as co-creative directors in 2018, stepping into the role straight after earning their MAs in womenswear and knitwear, respectively, at Central Saint Martins. The sisters had already worked together before—their graduate collection was one of the first cross-pathway collaborations at CSM. “Although we are sisters and have very similar life experiences, it’s nice to see our different points of view through a technical capacity and then consider how to bring those together,” says Laura. It’s this instinct for simultaneously imagining different elements of a collection—knitwear, tailoring, accessories—in tandem that has allowed them to build something beautifully immersive: a fully realised sartorial universe.
From their debut collection for Spring-Summer 2019, the designers have been expanding this world—one rooted in character, where history, subculture, and personal memory are seamed into innovative silhouettes. And again, they credit this openness, in part, to their upbringing in Australia. “I think what’s really special about it is that you don’t have ideas about dress codes ingrained in you,” Deanna explains, “it’s a very open place and it really allows
you to dream.”

When we speak, we are three weeks out from Paris Fashion Week fall-winter 2025-2026, yet there is a gentle excitement in their voices for what is to come. “It was really nice to be gone for a week, in a completely different headspace,” says Laura, “but then you walk back into the studio and all we could think is wow, everyone is so skilled that works here. They have such a point of view. And we feel really lucky to be working on what we are.”
For Spring-Summer 2025, the sisters will continue their narrative-based studies— last season, their collection was imagined around four distinct identities born from moments of transience—this time turning to Vali Myers, a Sydney-born ballerina and artist who lived in Paris in the 1950s. An almost mythical presence of the city’s underground scene, Myers was famously the protagonist of Ed van der Elsken’s seminal photo-novel, Love on the Left Bank. “There’s such a romance to what Paris could give her at that period of her life”, they explain, “and how she became a signpost for the way the Beatniks of the Left Bank pushed culture and society forward.” As always, these references are cleverly coded into the Kiko Kostadinov universe—never a literal interpretation, but an evolution of the themes and energies these
figures carried.
Last year, their world expanded with the opening of two stores—first in Tokyo, then in Los Angeles—to bring them closer to the communities that have helped shape the brand. “It’s been such a nice energy to meet the community of people that support the brand”, reflects Deanna, “and we all really appreciate and value what each different city brings—the way people put our designs together, and also their stories.” Beyond retail spaces, they have also invested in a studio in Paris, a move that honours their deep reverence for the city. "It’s hard not to think of fashion without Paris—and what Paris has offered us is really important. Which is why we felt like we needed to have a permanent space there.”
Perhaps this is what makes the Fanning sisters’ designs so enveloping with love—the deeply human nature at their core. To wear their clothes is to understand their warm curiosity for individual quirks and idiosyncrasies, their fascination with the way people move through the world—and how all of this coalesces into garments. Their work is both studied and instinctive, intellectual yet emotional. And if they never intended to head a name-led
label, they admit: “We love the process. We love the work, the research, and the fashion.”